Hendrik Pos

une philosophie entre idée et vécu

Patrick Flack

pp. 9-26


Dans leur préface au premier recueil des écrits de Pos, publié deux ans après sa mort, Karl Kuypers et Jan Aler constatent avec tristesse que « tant que [Pos] était en vie, sa vive et captivante personnalité conférait unité, vigueur et intensité aux manifestations de sa pensée. Maintenant qu’il n’est plus parmi nous comme source de vie spirituelle, nous ne disposons plus que de traces, certes nombreuses, mais éparses de son activité ».1 De nombreux témoignages similaires concordent sur le rôle vital de la personne même de Pos comme facteur d’unité relativement à une œuvre restée très fragmentée et à une pensée peu systématique.2 Tous soulignent que Pos fut avant tout un homme de dialogue, de débat et de rencontre qui chercha sa vie durant à allier à sa quête de connaissance théorique et objective des convictions politiques et un enga­gement dans la société toujours croissant. Son activité intellectuelle fut ainsi marquée par une constante dimension pédagogique et communicative qui s’exprime clairement dans la nature très dynamique et dialectique de sa pensée. Refusant de formuler une théorie systématique dans un ouvrage de syn­thèse, Pos préféra donner corps à ses idées par le biais d’une multitude d’articles, de conférences, de cours et de lettres qui, pris dans leur ensemble, s’assimilent aux arguments d’un dialogue marqué à la fois par la contradiction et l’idéal d’un échange constructif avec les penseurs du passé autant que du présent.

Même sans vouloir faire dépendre trop directement la pensée de Pos des circonstances particulières de sa vie ou des accidents de son cheminement personnel, il est manifeste qu’une connaissance des éléments essentiels de sa biographie peut s’avérer d’une grande utilité autant pour situer dans son contexte concret le dialogue implicite avec elle-même et avec autrui que constitue l’œuvre de Pos, que pour saisir les enjeux de son développement souvent volontairement paradoxal. Ces éléments sont à vrai dire très bien connus, mais ils n’ont jusqu’à maintenant été exposés qu’en néerlandais, par Daalder (1990) et Derkx (1994), raison pour laquelle il vaut la peine de les reprendre ici en détail.

Né le 11 juillet 1898 à Amsterdam, Pos fait ses classes au Gymnase réformé (Gereformeerd Gymnasium) de sa ville natale, avant d’entreprendre des études de lettres classiques à l’Université libre (Vrije Universiteit), à Amsterdam toujours. Réagissant de manière très positive à l’enseignement teinté de calvinisme, de néo-kantisme et de néo-hégélianisme qui lui est prodigué notamment par le philosophe Jan Woltjer, Pos s’oriente dès cette époque vers une conception idéaliste du langage et une approche de l’analyse linguistique réticente aux dogmes empiriques des néogrammairiens. En outre, il s’engage très activement dans la vie de l’université, participant avec enthousiasme à plusieurs sociétés d’étudiants de la faculté.

Lors de l’année académique 1920-1921, Pos se rend à Heidel­berg pour y étudier la philosophie auprès d’Heinrich Rick­ert et Heinrich Maier. En 1921, il défend avec succès une première thèse de doctorat, Zur Logik der Sprachwissenschaft (La logique de la linguistique). Dans cet ouvrage déjà très abouti, il s’efforce d’appliquer les principes de la théorie rickertienne de la connaissance à la linguistique générale, dans le but d’expliciter les enjeux épistémologiques de cette dernière et de lui donner un fondement méthodologique unifié. Ce faisant, Pos produit indépendamment de Saussure une pro­fonde réflexion philo­sophique sur le langage et la linguistique, qui en bien des points (sauf bien sûr en ce qui concerne son impact) est digne de comparaison avec le Cours de linguistique générale et ouvre d’intéressantes pistes quant à la généalogie néo-kantienne du paradigme structuraliste.3

Après une année passée en tant qu’enseignant à Haarlem, Pos retourne pendant le semestre d’hiver 1922-1923 en Alle­magne, à l’université de Fribourg en Brisgau, où il suit les cours d’Edmund Husserl, Martin Heidegger et Hermann Am­mann. Il adopte avec enthousiasme les idées de la phénoménologie husserlienne, qu’il met librement à profit pour réorienter sa propre approche du langage dans une optique moins schéma­tique et plus « réaliste », ou du moins plus attentive à la diversité des manifestations empiriques des phénomènes linguistiques. Dans le but d’obtenir une chaire de philologie classique à l’Université libre d’Amsterdam, il prépare une seconde thèse, d’inspiration phénoménologique celle-ci, qu’il défend en 1923 – non pas auprès de Husserl mais bien à Amsterdam – sous le titre de Kritische Studien über philo­logische Methode (Études critiques sur la méthode philo­logique).

Suite à un nouvel interlude dans son pays natal, Pos effectue un troisième séjour à l’étranger, à Paris cette fois, lors duquel il fait la rencontre de sa future épouse, la française Marcelle Honig (dont il n’aura pas d’enfant). En Sorbonne, il assiste notam­ment aux séminaires d’Antoine Meillet et Joseph Vendryes, mais en dépit d’une grande affinité avec la culture française qui ne se démentira jamais, Pos note à propos de son séjour parisien que celui-ci aura été bien moins influent pour son développement intellectuel que ses précédentes visites outre-Rhin et sa rencontre avec la philosophie allemande.

En 1924, Pos est nommé professeur de linguistique générale – une chaire créée spécialement pour lui – à l’Université libre d’Amsterdam. Il s’y forge rapidement auprès de ses collègues et de ses étudiants une réputation d’excellent orateur et de professeur inspiré et attentif. Son enseignement et sa re­cherche sont alors voués à la philosophie du langage (un champ qui équivaut pour lui à la linguistique générale, discipline qui est alors clairement distincte de la linguistique historique compa­rative) et à l’épistémologie des sciences humaines. Il poursuit ses réflexions mâtinées de néo-kantisme et de phéno­méno­logie sur la linguistique et l’épistémologie, cherchant entre autre à rendre compte du rapport entre la multiplicité désordonnée mais originaire du donné linguistique subjectif ou « pré­théorique » et la forme objective, unifiée et dépendante d’une norme a priori idéale que le langage revêt dans la réflexion ou la connaissance théorique. Il publie sur ces questions un ouvrage en forme originale de dialogue, Inleiding tot de taal­weten­schappen (Introduction aux sciences du langage) ainsi qu’une série d’articles significatifs: « Algemene taalwetenschap en subjectiviteit » (Linguistique générale et subjectivité), « Vom vor­theoretischen Sprachbewusstsein » (La conscience linguis­tique préthéorique) et « De eenheid der syntaxis » (L’unité de la syntaxe).

À cette même époque, Pos rejoint la société intellectuelle Unitas Multiplex, fondée entre autres par Jan Romein,4 auquel Pos se lie d’amitié par la suite. Politiquement plutôt conservateur jusque là, Pos est introduit par ce biais dans les milieux communistes et libéraux néerlandais. En 1926, il est impliqué indirectement dans une importante controverse reli­gieuse qui agite l’Église réformée des Pays-Bas à la suite de la suspension de Johannes Geelkerken, le pasteur de la paroisse de Pos.5 Pos prend parti pour Geelkerken, ce qui lui vaut de nombreuses chicaneries au sein de la très dogmatique Univer­sité libre. Il se résout de ce fait à quitter celle-ci en 1932 pour rejoindre la chaire de philosophie théorique et d’histoire de la philosophie de l’université municipale d’Amsterdam (Gemeen­telijke Universiteit van Amsterdam), un poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dans la foulée, Pos abandonne sa foi chrétienne vacillante en faveur d’un humanisme socialisant.

En poste à l’université municipale d’Amsterdam, Pos appro­fondit ses thèmes de prédilection, le langage et la théorie de la connaissance, mais oriente son travail dans une perspective philosophiquement plus large et plus complète. Il traite ainsi d’histoire de la philosophie (Descartes, Leibniz, Kant, Hegel, Comte, Marx, Bergson) et de problèmes de méthode philo­sophique. Ses travaux sur l’idéalisme allemand le conduisent à s’intéresser à des thèmes tels que l’historicité de la conscience et de la science ainsi qu’à remettre en question sa conviction néo-kantienne initiale dans la nature absolue et intemporelle des normes trans­cen­dantales de la connaissance a priori. Ces doutes, qui ne le conduisent cependant pas à rejeter défi­nitive­ment l’enseignement idéaliste néo-kantien, s’expriment le plus clairement dans des articles tels que « Het apriori in de geesteswetenschappen » (L’a priori dans les sciences hu­maines), « Metaphysik » (La métaphysique), « Kennisleer » (La théorie de la connaissance) et « Phénoménologie et linguis­tique », un travail que Roman Jakobson qualifiera plus tard de « beautiful study ».6 Dans ce contexte d’intense questionne­ment sur le statut relatif de l’idéalité de la connaissance et de l’expérience a lieu la fructueuse rencontre de Pos avec la phonologie pragoise, qu’il thématise dans « Quelques perspec­tives philosophiques de la phonologie » ou « Perspectives du structuralisme ». Tous ces textes – auxquels on peut ajouter son dernier livre, Filosofie der wetenschappen (La philosophie des sciences) – témoignent d’une phase d’élargissement de la pensée de Pos qui se manifeste par le traitement plus philosophique qu’il fait du rapport entre les normes transcendantales de la connaissance a priori et l’expérience empirique, ainsi que par son intérêt pour certaines fonctions plus générales du langage (p. ex. celles d’’outil d’expression de la pensée ou de l’affect, d’instrument de maîtrise symbolique du réel ou de vecteur du développement de l’esprit, de la société).

Durant les années trente, Pos assied encore sa réputation académique, celle-ci acquérant peu à peu une dimension inter­nationale. Il participe ainsi à tous les congrès internationaux des linguistes de l’interbellum, y rencontrant quasiment tous les représentants de la nouvelle linguistique structurale.7 Il prend part aux congrès internationaux de philosophie (Prague, Paris), psychologie (Paris) et phonétique (Amsterdam), où il fait la rencontre de nombreuses personnalités (G. Bachelard, E. Bréhier, L. Brunschvicg, mais aussi K. Bühler). En 1929 déjà, il avait assisté à la célèbre Dispute de Davos et y avait noué contact avec Ernst Cassirer. À partir de 1936, sur invitation de son ami Romein, il devient président du Comité van Waak­zaamheid (Comité de vigilance), une association contre le national-socialisme qui regroupait alors des intellectuels néer­landais de premier plan et plus de mille membres. Il se profile à ce titre comme un intellectuel progressiste et engagé, parti­cipant de plein pied à la vie politique des années trente et jouant un rôle d’intermédiaire entres les ailes communiste et libérale du mouvement antifasciste de son pays.

Après l’invasion allemande des Pays-Bas, Pos est arrêté. Il est détenu à Buchenwald pendant un an, puis dans des prisons néerlandaises jusqu’à l’automne 1943, date à laquelle il est libéré pour raison de santé. À la fin de la guerre, il reprend ses fonctions universitaires et devient membre de la commission de réorganisation de l’éducation supérieure, chargée de la dénazi­fication des universités néerlandaises. Il reprend aussi ses multiples activités d’organisateur, présidant le Congrès inter­national de Philosophie à Amsterdam (1948) ainsi que la nouvellement fondée Fédération internationale des Sociétés de Philosophie. À ces tâches académiques vient s’ajouter un engagement politique dans le contexte de la guerre froide : il participe au Congrès mondial des intellectuels pour la paix à Wrocław en 1948, et rejoint la Société Européenne de Culture aux côtés de Croce, Jaspers, Th. Mann ou encore Sartre. D’une manière générale, son expérience de la seconde guerre mondiale semble l’avoir radicalisé politiquement : il est désor­mais clairement favorable aux idées communistes. Son attachement profond aux principes du libéralisme le retient toutefois d’adhérer au Parti Communiste Néerlandais et de s’identifier avec la politique de l’Union Soviétique, une position idéologique nuancée qui lui vaut de l’incompré­hension de toute part et un isolement social et intellectuel croissant.

Dans cette période d’après-guerre très frustrante pour lui, Pos est souvent malade et sa vision de l’homme se fait plus sombre, comme en témoigne par exemple ses articles « De filosofie der wetenschappen en de crisis der beschaving (La philosophie des sciences et la crise de la culture) ou « Het dal der na-oorlogse filosofie » (Le passage à vide de la philosophie d’après-guerre). Il se détourne toujours plus résolument de l’idéalisme allemand et de la phénoménologie husserlienne (à laquelle il reproche son tournant transcen­dantal), orientant sa pensée dans une optique franchement relativiste, anthropo­logique et historisante (mais en revanche très méfiante de l’existentialisme heideggérien, que Pos dénonce comme une philosophie irrationnelle). Pos resitue ses conceptions du lan­gage, de la métaphysique et de la connaissance dans un horizon à la fois plus concret (parfois même biologique) et plus relatif, celui du « vécu ». Il publie dans cet esprit des articles importants : « Valeur et limites de la phénoménologie », « Betekenis als taalkundig en als wijsgerig fenomeen » (La signification comme phénomène linguistique et philo­sophique), « Le langage et le vécu ». Sans du tout délaisser ses thèmes de toujours, il s’intéresse plus à des questions d’ordre éthique, politique, social ou encore religieux : il s’interroge ainsi sur l’intersubjectivité, l’histoire ou le devenir spirituel de l’homme et de la société dans des textes tels que « Geschiedenis als geestelijke werkelijkheid » (L’histoire comme réalité spirituelle) ou « De eenwording der mensheid » (L’unification de l’huma­nité).

Malgré les doutes et les déceptions qu’il doit affronter durant cette période, Pos n’abandonne à aucun moment une vision profondément universaliste, humaniste et optimiste de l’hom­me, de la culture et du langage. Comme le fait remarquer Kuypers dans sa tentative de synthèse de l’œuvre thématique­ment disparate et souvent contradictoire de Pos, s’il y a bien une constante dans la pensée de ce dernier c’est son attachement à une certaine forme de rationalisme, sa foi dans le rôle multiple mais toujours présent de la Raison au cœur même de toute expérience.8 Hendrik Pos meurt le 25 septembre 1955 à Haarlem, à l’âge de 57 ans. À l’instar de nombreux penseurs de l’entre-deux-guerres, il tombe rapide­ment dans l’oubli.

L’esquisse biobibliographique qui vient d’être tracée offre un premier balisage de la pensée de Pos et de son évolution : partant d’une réflexion épistémologique sur la linguistique clairement inspirée par l’idéalisme transcendantal de Rickert, Pos a rapidement réorienté ses recherches dans la perspective plus descriptive et soucieuse des « choses elles-mêmes » de la phénoménologie de Husserl, avant d’élargir son champ d’in­vesti­gation à une analyse de la connaissance scientifique et philosophique en général et de rejeter à son tour la phéno­ménologie en faveur d’autres modèles (Marx, Bergson), mieux à même selon lui de prendre en compte les dimensions vécues et situées historiquement, culturellement et socialement aussi bien de la connaissance que de l’expérience empirique. Dans son domaine d’étude privilégié, le langage, Pos semble être passé de façon similaire d’une approche strictement « logique » du langage conçu comme un objet de connaissance idéal saisissable exclusivement par la réflexion théorique, à une étude phénoménologique des propriétés du donné linguistique concret et ses liens à la conscience préthéorique originaire, pour aboutir finalement à un concept relativiste et historisant de la parole comme une forme expressive parmi d’autres dans l’horizon lui-même relatif, dynamique et signifiant du vécu humain.

Une telle image, bien qu’elle possède ses mérites, présente deux regrettables défauts. Pour commencer, elle associe de façon trop étroite et trop peu critique la pensée de Pos à un nombre limité de présumés « modèles » successifs (Rickert, Husserl, Bergson et Marx), lui dérobant de ce fait la cohérence et l’originalité de ses propres problématiques et négligeant le rôle d’une foule d’autres sources d’inspiration au moins aussi décisives (la phonologie pragoise, Bühler, Cassirer, Marty, Vossler, Wundt, de même que Descartes, Leibniz, Kant, Hegel ou Comte). Bien que la voix de ses maîtres linguistiques et philosophiques soit clairement audible et facilement décelable dans son œuvre, Pos ne s’est de plus jamais soumis entière­ment à leur logique, ne se conformant à celle-ci que dans la mesure où cela était profitable à l’élaboration de ses propres arguments.

Le traitement idiosyncratique et sélectif que fait Pos de ses sources – une attitude qui lui a parfois été reprochée, surtout en lien à la phénoménologie husserlienne9 – explique pour bonne part la coexistence d’influences concurrentes voire antagonistes dans son œuvre. Elle met aussi en évidence un second défaut dans l’interprétation susmentionnée de sa pen­sée, défaut qui consiste en une simplification exagérée de la progression linéaire présumée entre la position transcendantale et idéaliste initiale de Pos et son approche empirique, relativiste et historisante plus tardive. Pos, en effet, n’a pas adhéré successive­ment à différents paradigmes (néo-kantisme, phéno­ménologie, philosophie de la vie, marxisme) mais les a constamment fait jouer l’un contre l’autre. À ce titre, il est donc plus correct de concevoir la dynamique de sa pensée non comme la transition d’une position clairement logiciste et idéaliste à une position tout aussi clairement historique et empiriste, mais comme une oscillation constante entre ces deux pôles.

De fait, un des aspects les plus intéressants de l’œuvre de Pos est précisément son souci de thématiser de façon toujours nouvelle le rapport fuyant entre l’idéalité objective et abstraite de la connaissance scientifique ou a priori et la réalité vécue de l’expérience subjective concrète, sans jamais subsumer ou réduire l’une à l’autre. Il n’est ainsi sans doute pas faux de voir dans la valse de sources diverses – tour à tour plus idéalistes ou plus empiristes – sur lesquelles Pos prend appui, non pas la trace d’une hésitation ou d’une gêne théorique, mais bien le résultat de sa volonté consciente et parfaitement assumée de se tourner sans cesse et de façon critique vers de nouvelles inspirations afin d’approfondir – via un constant processus d’auto­corrections – son interprétation d’un problème qu’il a toujours considéré comme irrésolu.

La tension « dialectique » qui habite et défini l’œuvre de Pos ne se manifeste pas seulement dans les retours de balancier successifs entre des écrits plus idéalistes ou plus empiristes : elle se niche aussi au cœur même des ouvrages qui en apparence appartiennent le plus clairement à l’un ou l’autre paradigme. Ainsi, La logique de la linguistique, une œuvre qui se situe de façon programmatique dans la perspective du trans­cendantalisme rickertien, contient des éléments étrangers au néo-kantisme. Comme le fait tout à fait judicieusement remarquer Klaas Willems, quand Pos déclare que « même si l’exposition la plus abstraite possible d’un système universel de catégories qui embrasserait le champ entier du pensable réussissait, un retour par spécification à la couche des données originaires resterait inévitable d’une manière ou d’une autre », il superpose de facto un principe d’évidence descriptive d’origine phénoménologique au constat méthodologique typiquement néo-kantien qu’il souhaite en fait appliquer et qu’il formule seulement quelques lignes plus bas en ces termes : « chaque science travaille avec des méthodes et des concepts fonda­mentaux qui sont dépendants des propriétés de leur matériau et qui ne se laissent découvrir que par une analyse critique de ce même matériau ».10

À l’inverse, dans « Phénoménologie et linguistique », où Pos fait le plus expressément l’éloge de Husserl et professe l’utilité méthodologique et épistémologique des concepts de ce dernier pour la linguistique et la philosophie du langage, on découvre de clairs restes néo-kantiens qui confèrent un caractère fonda­mentalement paradoxal à la thèse centrale de cet article. Selon la très pertinente analyse de Willems, Pos tente en effet d’y définir le rôle de la conscience linguistique originaire et pré­théorique pour la réflexion scientifique sur le langage. Dans cette optique, Pos croit voir dans la phénoménologie husserl­ienne la meilleure méthode pour expliquer la continuité fonda­mentale, qui selon lui, existe entre la conscience linguistique originaire et une connaissance scientifique ou réfle­xive du langage, ou en d’autres termes, entre l’acte de parole concret et sa forme conceptuelle dans l’analyse théorique du linguiste. Pos, ce faisant, continue toutefois de prendre appui sur un principe rickertien lequel dicte, d’une part, que l’objet d’ex­périence subit toujours une transformation essentielle dans la réflexion théorique et implique, d’autre part, une séparation radicale des sphères de l’expérience originaire et de la connaissance théorique réflexive. Pos aboutit ainsi à la conclu­sion que, dans les mots de Willems, « les activités du locuteur naïf et la réflexion du linguiste sont tout à fait oppo­sées l’une à l’autre », alors pourtant qu’il demeure persuadé que « l’éclair­cissement méthodique de l’expérience vécue de la conscience préscientifique sera toujours le point de départ de la science du langage ».11

On ne fera pas tort à Pos en disant que de tels paradoxes sont symptomatiques de sa pensée à toutes les étapes de son développement et qu’à aucun moment il n’est véritablement parvenu à les résoudre. Loin de constituer une faiblesse toute­fois, ces paradoxes reflètent en fait parfaitement la volonté de Pos de confronter sans compromis ou dichotomies métho­dologiques simplificatrices la très difficile question de la relation entre connaissance idéale et expérience concrète, entre struc­tures transcendantales ou conceptuelles et leurs réali­sations empiriques. Malgré certaines apories ou contra­dictions évidem­ment critiquables, de plus, il est indéniable que Pos a su apporter des contributions positives à cette question. Par le simple fait d’insister sur l’existence et le rôle fondamental d’une conscience linguistique originaire et pré­théorique, il a ainsi introduit un thème très important dans les débats linguistiques et philosophiques sur le langage.12 Cette insistance a aussi conduit Pos à aborder des problèmes tels que l’expression de la pensée par le langage, la constitution du sens et de la signi­fication, l’origine du langage ou encore l’arbitraire du signe dans une perspective originale qui cherche à tenir compte autant des moments objectifs et réflexivement idéalisables des phéno­mènes que de leur ancrage originaire dans un vécu subjectif concret.

Il nous faut constater que, la plupart du temps, Pos se replie sur une solution dualiste pour rendre compte de cette double dimension idéale et vécue des phénomènes. Dans « La signi­fication comme phénomène linguistique et philo­sophique », typiquement, on le voit invoquer la nécessité d’étudier le langage dans deux perspectives distinctes : l’une objective ou « scientifique », qui est fixée sur les phénomènes observables et idéalisables de l’extérieur, l’autre subjective ou « phéno­méno­logique », qui fournit une description introspective du vécu de ces mêmes phénomènes.13 On retrouve cette dualité méthodologique dans les rôles complémentaires que Pos attribue à la phonologie et à la phonétique,14 dans ses analyses « structurelles » et « génétiques » du langage,15 ou encore dans son étrange façon d’opposer grammaire et syntaxe.16 Dans tous ces cas, les perspectives objectives et subjectives sont selon Pos toutes deux indispensables et seule leur combinaison peut produire un savoir véritablement adé­quat. Le problème récurrent qui mine cette position radicale­ment dualiste est bien sûr que la détermination des propriétés d’un même phénomène dans l’une et l’autre perspective est parfois clairement contradictoire. Pour ne prendre qu’un seul exemple : comment peut-on réconcilier le fait que pour un observateur externe et objectif le signe possède une valeur clairement arbitraire avec le sentiment phéno­méno­logique­ment justifié d’un locuteur naïf qui pense qu’il existe entre les mots et les choses un lien naturel et essentiel ?

La réaction la plus fréquente de Pos à de tels paradoxes est d’invoquer la nature historique, culturelle et inter­subjective de la conscience : les différences qui se font jour entre connaissance scientifique et expérience vécue sont selon lui liées essen­tielle­ment au fait que la conscience subjective ne se déploie que progressivement : elle se déploie en direction du savoir objectif au gré d’un processus historique et au sein d’un horizon socioculturel concret qui limitent provisoirement sa puissance. Selon Pos, « [la subjectivité] constitue en un sens l’accès à toute connaissance, mais l’ombre de sa propre limitation l’accompagne partout ».17 La double nature (à la fois essentielle et arbitraire) du signe s’explique ainsi pour Pos d’abord par la limitation initiale de l’horizon concret de la subjectivité individuelle (qui conduit à une absolutisation naïve et objectivement intenable de la relation entre mot et objet), puis par l’extension progressif de cet horizon lorsque la conscience subjective, se saisissant elle-même avec toujours plus d’objectivité et de distance réflexive, remarque la relativité contingente de ses propres rapports à la réalité et donc, par la même occasion, la part arbitraire des liens entre mots et choses qu’elle contribue elle-même à instituer.18

Une toute autre réponse à la dualité paradoxale de la connaissance objective et du vécu subjectif se dessine dans l’œuvre de Pos à l’occasion de sa rencontre avec la linguistique structurale et la phonologie du Cercle linguistique de Prague. Dans « Quelques perspectives philosophiques de la phono­logie » ou « Perspectives du structuralisme », en effet, Pos constate que, tel que le défini la phonologie pragoise, le pho­nème fournit un exemple d’une chose concrète ou donnée concrètement dans laquelle la dimension de l’idéalité objective (ou, pour être plus précis, de la généralité et de la signification) et celle du vécu se rejoignent quasiment sans distance : « Le phonème est un son, élu parmi d’autres pour être un sens. Ce sens ne se circonscrit pas comme il est le cas avec les mots et les phrases : il se sent. La liaison entre l’élément sonore et le fonctionnel est tellement intime ici qu’on arrive à peine à séparer l’un de l’autre dans la pensée ».19 Le phonème, en d’autres termes, se manifeste comme la réalisation concrète et particulière, vécue subjectivement et originairement par l’au­diteur, d’une signification idéale, générale et objective. Au lieu de la dualité habituelle entre moments objectifs et subjectifs, entre objet de connaissance et objet d’expérience, Pos tend donc ici vers une conception qui attribue une certaine intel­ligibilité ou généralité au concret lui-même et qui implique alors également une certaine imbrication de l’expérience concrète et originaire des phénomènes avec leur idéalisation objective et réflexive.

À vrai dire, Pos n’a pas beaucoup exploré le potentiel et les implications de l’idée d’un sens intelligible du concret révélée par le phonème. Il faut bien admettre que sa pensée reste généralement bien plus marquée par une tension dualiste entre la connaissance idéale et l’expérience concrète, entre la théorie et le vécu ou encore entre le général abstrait et le particulier concret que par une volonté de synthétiser ces pôles dicho­tomiques. Dans son commentaire par ailleurs très positif de « Phénoménologie et linguistique », Merleau-Ponty adresse ainsi à Pos le reproche de ne pas faire plus que « juxtaposer » les pôles de l’expérience originaire et de la réflexion théorique, sans véritablement explorer et thématiser leurs interrela­tions.20 Il n’en reste pas moins qu’on peut retrouver dans « Phonologie et sémantique » ou encore « La signification comme phénomène linguistique et philo­sophique » de très nettes suggestions quant à de telles interrelations. Dans « La problématique de la philosophie du langage », Pos lui-même souligne en réaction critique à sa propre position trans­cen­dantale dans La logique de la linguistique qu’une trop grande ou trop nette opposition entre les moments abstraits et réels des phénomènes « ne correspond pas à ce que constate réellement la conscience linguistique, et la distance entre théorie et réalité mène dans cette forme à une aliénation totale entre les deux ».21

Quoiqu’il en soit, il importe de souligner que ce sont justement les tentatives faites par Pos sinon pour réconcilier, du moins pour juguler l’objectivité idéale de la connaissance et la subjectivité concrète de l’expérience vécue qui résonnent de la façon la plus intéressante avec les recherches conduites à la même époque par la psychologie de la Gestalt, Cassirer, Bühler ou le phénoménologue russe Gustav Špet. Ce sont elles aussi qui ont le plus attiré l’attention de figures telles que Merleau-Ponty ou encore Eugenio Coseriu.22 Merleau-Ponty – qui dans La phénoménologie de la perception s’efforce de réconcilier idéalisme et empirisme – semble particulièrement proche de Pos, que ce soit d’ailleurs par le choix de ses thèmes, par la nature dialectique de sa méthode argumentative ou par son positionnement idéologique très nuancé.

En relation à ces dernières remarques et en conclusion de cette introduction encore très superficielle et schématique des idées et thèmes principaux de l’œuvre de Pos, se pose pour finir la question de l’actualité de celle-ci. Ce qui en a été dit jusqu’ici, me semble-t-il, souligne son intérêt indiscutable dans au moins trois directions complémentaires:

Premièrement, Pos se profile comme un acteur historique très important de l’épistémologie de la linguistique. En effet, il fut l’un des premiers à proposer une réflexion proprement philo­sophique sur la linguistique et ses méthodes. Le peu d’impact de ses idées a certes réduit Pos à un rôle secondaire, mais le fait qu’il ait été négligé jusqu’ici ne semble vraiment s’expliquer que par l’accès difficile de beaucoup de ses textes (publiés uniquement en néerlandais) et l’attention fort limitée accordée au champ interdisciplinaire que constitue la philosophie de la linguistique.23 Les liens critiques que Pos a entretenus autant avec la linguistique structurale qu’avec le contexte philo­sophique et psychologique qui a présidé à la naissance de cette dernière font de son œuvre un instantané précieux des débats épistémologiques et méthodologiques dans les sciences du langage à une époque charnière de leur histoire. En ce sens, l’œuvre de Pos offre notamment une perspective très inté­res­sante sur les affinités entre néo-kantisme (rickertien ou cassirerien) et la linguistique structurale. Il semble de plus, que l’intérêt et l’originalité de certains des arguments et des idées mis en avant par Pos requièrent encore une évaluation comparative sérieuse, notamment par rapport à Saussure, Chomsky ou la linguistique cognitiviste.24 Sa réflexion sur le statut de l’a priori transcendantal ou sur le sens inhérent du vécu semble offrir des perspectives tout à fait intéressantes relativement à la problématique des rapports entre perception et concept qui, selon Lia Formigari n’a été ni résolue, ni même vraiment débattue par les linguistiques générativiste et cogni­tiviste.25

Deuxièmement, Pos revêt une importance évidente pour toute étude de la généalogie du structuralisme, entendu autant au sens d’une théorie proprement linguistique que dans sa dimension de paradigme philosophique plus général. La récep­tion très positive par Jakobson et Merleau-Ponty des réflexions de Pos sur le phonème, l’opposition ou la conscience lingu­is­tique originaire laisse entrevoir des synergies entre phéno­méno­logie et structuralisme dont l’existence a certes été soupçonnée depuis longtemps, mais dont toute la portée ou les enjeux n’ont pas encore été pleinement mesurés.26 Cette impression se renforce lorsque l’on considère qu’il existe également des similarités frappantes entre Pos et Špet, que ce soit dans leur rejet d’accorder une source purement idéale et subjective à la connaissance, ou dans leurs définitions essen­tielle­ment « collectivistes » de la conscience. Il paraît tout au moins indubitable qu’aucune réévaluation de l’évolution du paradigme structuraliste au cours des années vingt et trente du siècle passé ne saurait être véritablement complète sans rendre un bien meilleur compte des idées, de l’activité et du rôle médiateur de Pos.

Troisièmement, de par son attitude aussi favorable que critique envers les idées marxistes, l’œuvre de Pos constitue une des rares plateformes où ces dernières ont pu être confrontées à des points de vue idéalistes et phéno­méno­logiques d’une façon relativement libre des luttes idéologiques de l’après-guerre. Ici encore s’offre une possibilité de voir à l’œuvre et d’ausculter dans un contexte historique concret la rencontre et les inter­actions de discours théoriques qui ont souvent été anta­gonistes. La teinte marxiste de la pensée de Pos est aussi rendue particulière­ment intéressante par le rôle d’intermédiaire qu’il a joué pour des théories (on pense ici tout particulièrement à la phonologie pragoise) qui se sont développées avant tout en Russie et en Europe Centrale et dont autant l’évolution dans leur pays d’origine que leur réception ultérieure en Occident ont été fortement marquées par leurs confrontations avec le marxisme.

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NOTES

1 Kuypers, Aler, « Woord vooraf », in: Pos (1957), p. 9 [ma traduction].

2 Cf. Derkx (1994), qui se réfère à de nombreux entretiens menés avec des étudiants ou collègues de Pos, pp. 487-488.

3 Cf. Salverda (1991), p. 222.

4 Jan Romein (1893-1962), historien et journaliste néerlandais, est surtout connu pour avoir été à l’origine de la publication du Journal d’Anne Frank.

5 En réaction à sa suspension, ordonnée pour avoir défendu une interprétation non-littérale de la Bible, Geelkerken fonde une branche dissidente de l’Église réformée des Pays-Bas, provoquant ainsi un important schisme.

6 Jakobson (1973), p. 14.

7 Il correspond alors avec nombre d’entre eux : Bally, Brøndal, Havránek, Hjelmslev, Jakobson, Sechehaye, Trubeckoj et ses compatriotes néerlandais.

8 Cf. Kuypers (1958). p. 59, cf. aussi Willems (1994), p. 244.

9 Cf. Orth (1967), Aschenberg (1978), lesquels reprochent à Pos son interprétation à l’emporte-pièce de Husserl.

10 Cf. Willems (1994), pp. 218-219 et Pos, ci-après, p. 33.

11 Willems, op. cit., p. 227.

12 Cf. Willems, p. 222.

13 Cf. ci-après, pp. 239 sqq.

14 Cf. ci-après, « Phonologie et sémantique ».

15 Cf. ci-après, « Problèmes de l’origine ».

16 Cf. Daalder, « Filologie, grammatica, syntaxis bij H.J. Pos», in: Daalder (1990), pp. 101-122.

17 Pos (1957), p. 29 [ma traduction].

18 Cf. ci-après, « La conscience linguistique préthéorique ».

19 Cf. ci-après, p. 117.

20 Merleau-Ponty (1960), pp. 106 sq.

21 Cf. ci-après, p. 65.

22 Cf. Merleau-Ponty (1960), pp. 106 sq., 131 sq., Coseriu (1958) et (1962).

23 Šor (1927), p. 65, note aussi que le compte-rendu très défavorable que fit Meillet de La logique de la linguistique dans le Bulletin de la Société de Linguistique de Paris (1922) a contribué au fâcheux discrédit de cette œuvre et de son auteur auprès des linguistes.

24 Cf. Daalder (1990) et Salverda (1991).

25 Cf. Formigari (2006).

26 Dans ses analyses bien connues de l’influence de la phénoménologie sur Jakobson, Elmar Holenstein (1975, 1976) ne mentionne Pos que brièvement et se concentre de manière trop exclusive sur Husserl, cf. Flack (2011). Sur cette question, voir aussi Puech (1985), pp. 28-29.

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Re-editions
(2018) "Hendrik Pos", in: Flack Patrick, Idée, expression, vécu, Paris, Hermann, pp.127-144.