La notion d'opposition en linguistique

Hendrik Pos

pp. 181-182


Les recherches des derniers temps ont révélé le rôle important de l’opposition dans toutes les couches de la langue, du domaine de la phonologie jusqu’à celui de la syntaxe. L’opposition est un des principes qui constituent le système de la langue.

La découverte de ce fait a donné un grand stimulant à la recherche linguistique; elle en a modifié profondément la méthode: au lieu d’enregistrer minutieusement des faits isolés, on vise à établir un ordre qui permette de voir les structures. L’explication des faits statiques et historiques a été profondément influencée par cette nouvelle méthode.

La psychologie et la philosophie ont grand intérêt à suivre de près cette évolution de la linguistique, laquelle, à son tour, pourra être approfondie par ce contact.

I) La philosophie est intéressée à préciser en quoi ‘l’idée d’opposition contribue à la connaissance des faits linguistiques, pour cette raison surtout que l’idée d’opposition fait partie de la logique.

L’opposition n’est pas un fait isolé: c’est un principe de structure. Elle réunit toujours deux choses distinctes, mais qui sont liées de telle façon que la pensée ne puisse poser l’une sans poser l’autre. L’unité des opposés est toujours formée par un concept, qui, implicitement, contient les opposés en lui et se divise en opposition explicite quand il est appliqué à la réalité concrète. Le contenu de l’opposition est postérieur et à la forme et au concept qui en est l’origine.

L’opposition dans les faits linguistiques n’est pas un schéma que la science introduit pour maîtriser les faits, et qui resterait extérieur à ceux-ci. Son importance dépasse l’ordre épistémologique : quand la pensée linguistique range les faits d’après les principes d’opposition et de système, elle rencontre une pensée qui crée ces faits même.

II) Il résulte de ceci pour la psychologie que l’empirisme des faits isolés de la conscience a besoin d’être complété et soutenu par une théorie des facteurs inconscients qui déterminent la structure systématique de ces faits. L’inconscient rationnel, créateur de structures, devra servir de base à l’explication des faits épars et fragmentaires de la conscience individuelle. La linguistique, sans abandonner l’aide que lui prête la psychologie, est amenée, par sa propre évolution à reconnaître que la pensée et la vie psychique ne sont pas deux essences tout à fait distinctes.

Discussion :

K. Bühler (Vienne) fait remarquer que les oppositions ne sont qu’un élément de la structure et qu’il y a bien d’autres relations que les oppositions.

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First Edition
(1938) "La notion d'opposition en linguistique", in: Henri Piéron; I. Meyerson; , Onzième congrès international de psychologie, Paris, Alcan, pp.246-247.